Je pose cette question à un ami agent immobilier.
Première réponse de sa part, les agents immobiliers ne posent pas assez de questions pour comprendre le besoin de leurs interlocuteurs. Mais certains s'intéressent vraiment au besoin de leur prospect et engage plusieurs questions : « Quelle genre de maison ? Pour quand ? Dans quelle zone géographique ? Pour quel budget ? » … finalement, ils reconstituent un cahier des charges.
Plus généralement, nos études montrent que, spontanément dans nos relations, dans ce type de situation, si nous nous intéressons au besoin de notre interlocuteur, nous reconstituons un cahier des charges ...
... Mais la question « pourquoi ces attentes» vient très rarement en priorité et parfois ne vient jamais.
Pourtant la réponse à cette questions pourrait nous faire découvrir des leviers de conviction et d’adhésion de notre interlocuteur, d’un nouveau genre.
Et vous, managers, développeurs business, recruteurs, dirigeants ou collaborateurs en début de carrière vous retrouvez aujourd’hui, plus qu’hier, confrontés à l’exigence d’être convaincant.
- Dans vos actions de recrutement, vous faites peut-être face à cette nouvelle génération de candidats dite « génération – Y », qui vous demandent effrontément « ... mais vous, que m’apportez-vous en terme de salaire (évidement !), en terme d’équilibre vie privé / vie professionnelle, en terme d’évolution de carrière, en terme de formation ?» …. Et la liste est longue.
- Dans vos relations commerciales, vous souhaiteriez peut-être que les prospects et clients se bousculent plus pour bénéficier de vos produits et/ou services :-)
- Et quand vous devez mobiliser vos équipes sur un nouveau projet ou changement majeur interne, vous avez dû noter que communiquer vers eux unilatéralement menait sinon à l’échec, à une perte de motivation.
- Et enfin, dans les constructions de partenariats, avec le sacro-saint déjeuner « pour envisager des axes de partenariat», nous comptabilisons souvent qu’un trop grand nombre de ces recherches d’opportunités finit malheureusement aux oubliettes.
Vous diriez peut-être que « il suffit que je sois convaincu moi-même et je serai convainquant. Convaincre sans être convaincu, c'est ça le vrai problème »
Vous diriez peut-être aussi « il suffit de connaître les besoins de mon interlocuteur et je vais communiquer ma proposition, mon idée sous l’angle qui couvre au mieux ses besoins » … Oui, cela est necessaire mais parfois insuffisant, notamment quand vous vous apercevez que vous savez mal couvrir les besoins de votre interlocuteur.
Face à l’attente que vient de vous exprimer votre interlocuteur, vous avez alors peut-être intérêt à découvrir les raisons plus profondes qui motivent ses attentes mais ce n’est pas simple : Qui êtes-vous pour oser poser ces questions ? Cela pose des problèmes de leadership, de légitimité, voire d’autorité personnelle pour poser des questions parfois intrusives.
Vous pourriez craindre également d’afficher une forme d’incompétence sur la question ?
Alors peut-être vous demanderiez-vous … « COMMENT faire pour parvenir à poser des questions intrusives ?» (Et d’ailleurs, une question en passant : vous demanderiez « COMMENT faire ? » ou bien vous demanderiez « POURQUOI faire ? » …. ! Au fond)
Comme je l’évoquais en début de cette note, un test effectué sur quelques centaines d’acteurs dans le domaine de la vente montre que la question « pourquoi » ne vient quasiment jamais.
Cela peut s’expliquer en partie. Nous avons passé le plus clair de notre temps d’études et souvent également le plus clair de notre temps en entreprise à chercher des solutions à des problèmes. Nous avons été évalués et reconnus sur notre capacité à trouver « COMMENT » résoudre le problème et non pas « POURQUOI » le résoudre. La boucle de reconnaissance dans le Monde éducatif est bien souvent la même : tu es bon si tu sais résoudre le problème !
Et cela se retrouve naturellement dans nos interactions au quotidien, comme un reflexe, une routine.
Vous, dans votre entreprise, dans vos relations commerciales, partenariales, de management interne, en recrutement, à quel point demandez vous à vos interlocuteurs « pourquoi telle attente » ?, avant de chercher une solution pour couvrir cette attente ?
Dans quel Monde êtes-vous ? un Monde de chercheurs de solutions devant un problème affiché ou un Monde où vous cherchez la douleur profonde de votre interlocuteur pour trouver l’idée qui l’aidera au mieux dans son activité, peut-être moins « chère » à mettre en œuvre et plus efficace.
Rapprocher votre Monde du Monde de vos interlocuteurs, c’est aussi approfondir la connaissance de votre interlocuteur, ses moteurs et freins profonds, son Monde ….
Dans le cadre de la performance commerciale, la méthode et les comportements « Vente Complexe » vous aident à vous rapprocher de vos clients, justement en montant au niveau des douleurs de vos interlocuteurs.
Chercher les motivations profondes de nos interlocuteurs apporte également un bénéfice net dans pour le développement de nos relations personnelles, en dehors d’enjeu de « Vente » à proprement parler.
Mais ce n’est finalement pas simple … il faut changer de Monde …
Alain Nifle
Poser la question « pourquoi ? », c'est poser la question du « sens ». Or dans le monde de l'entreprise, la question du sens est intimement liée aux processus de réflexion et de décision d'une action à mener. Quel est le sens de votre action ? Pourquoi ?
RépondreSupprimerDemander pourquoi, c'est donc une (re)mise en question d'un processus de réflexion et de décision de manière spontanée, sans y avoir été invité. C'est donc se placer à un niveau de questionnement particulier et qui peut parfois être considéré comme « déplacé ». On comprend donc aisément que certains hésitent à s'aventurer dans cette direction, et préfèrent se concentrer sur le « comment », au risque de ne pas se démarquer.
« Déplacé »... C'est drôle car c'est justement l'attitude que vous préconisez. Se « déplacer » pour se « rapprocher » du monde de nos interlocuteurs... Faut-il avoir une certaine attitude « déplacée » pour pouvoir opérer ce rapprochement ? Certes, c'est jouer avec les mots...
J'ajouterai juste que la question « pourquoi ? » pour être efficace ne saurait l'être sans une réflexion en amont. Pour qu'un pourquoi génère un rapprochement, il faut nécessairement que celui qui pose la question ait une idée assez précise des réponses possibles AVANT de poser la question. Constat paradoxal qui montre que bien poser la question « pourquoi ? » suppose d'avoir déjà des réponses...
Pour reprendre votre exemple: au constat « je cherche une maison à louer », la réponse « Pourquoi? » pourrait être perçue comme une remise en question de l'action. Et il n'est pas rare de s'entendre répondre: « Tu penses que ce n'est pas une bonne idée ? ». Raccourci qui peut s'avérer infondé mais attitude classique. A ce stade de la conversation, pour rester pretinent, mieux vaut avoir quelque chose à répondre... La question du pourquoi plaçant l'interlocuteur dans une démarche de justification de son action, ou de contre-question, il faut être préparé.
Dis moi pourquoi, je te dirai comment... Non...Dis moi plutôt qui tu es, je te dirai pourquoi et je te vendrai comment.
Monde formidable...