Post original Bureau de Barcelone: Los mundos de Pval
Cette citation, tirée d’« El Pais » que j'ai lu ce week-end, était associée à la phrase suivante, extraite d’une interview avec Stephen Page, PDG de Faber & Faber, éditeur qui compte 12 Prix Nobel de Littérature parmi ses éditions:
"Certains pensent qu’Amazon sait qui sont les lecteurs et que les éditeurs ne le savent pas, que nous connaissons les librairies, mais pas les lecteurs. Et les éditeurs commencent à se transformer et à s’orienter plus vers le lecteur en étant moins dépendants des lieux où les livres sont vendus".
Stephen Page lui-même, dans une autre interview confiait à The Guardian il ya quelques mois :
"Au fond, les éditeurs existent pour créer plus de valeur pour les écrivains que les écrivains peuvent (ou souhaitent) créer pour eux-mêmes."
Soit, la raison d’être d'un éditeur est d'ajouter de la valeur à l'écrivain. Comment? D'une part, dans le travail que fait l'éditeur lui-même. D'autre part, par sa capacité à faire parvenir au lecteur l’œuvre sous forme de livre, à travers des canaux tels que les librairies, les supermarchés ou les grands magasins.
Quels changements apporte le livre numérique?
« Les lecteurs, toujours plus visibles et avec leur propres opinions ne s’en réfèrent pas seulement à l’industrie du livre ou les médias traditionnels. Les éditeurs qui continuent de compter sur d’importantes dépenses marketing et des livres vendus dans les librairies verront leur rôle peu à peu (pour ne pas dire rapidement) diminuer. Tous les éditeurs devront naviguer sur des marchés de masse mondiaux, mais ils auront également besoin de créer un public pour les écrivains, et pas seulement par les moyens traditionnels d'une bonne campagne marketing et publicitaire, mais par des engagements directs avec les lecteurs, en et hors ligne. Si un nouvel arrivant a une stratégie de médias sociaux meilleure que n'importe quel éditeur déjà sur le marché, il peut alors se faire une place sur le marché aux dépends des « anciens ».
D'un jour à l'autre, les éditeurs pourraient se retrouver dans une situation où leur valeur ajoutée, éditer un livre et l’acheminer jusqu’au lecteur, cesse d’être une exclusivité qui leur est réservée. N’importe quel écrivain peut publier un livre numérique et le rendre immédiatement disponible pour n’importe quel lecteur potentiel. Ils ne sont plus des intermédiaires indispensables.
De plus, l'entrée du livre numérique entraine un changement chez les lecteurs eux-mêmes. Dans la façon dont ils utilisent les livres et leurs habitudes de lecture. Dans la façon dont ils décident quel livre choisir, surtout quand il s'agit à quels critiques se fier. A chaque fois, la relation avec les lecteurs est plus importante que la promotion d’un livre en particulier.
Par conséquent, le monde actuel de l'édition, un monde marchand de création et de vente de produits de masse, commence à cesser d’avoir du sens et s’éloigne des auteurs et des lecteurs: il est nécessaire de construire un nouveau monde pour les éditeurs.
Un monde qui permet de demander « pourquoi une personne veut lire un livre ? » Plutôt que « de quelle façon je peux commercialiser un autre de mes produits? »
Le livre connaitra t-il le même sort que le CD ? Quel rôle pourrait jouer les librairies dans ce nouveau monde ? L’essor actuel des tablettes numériques fera-t-il briller le commerce autour du livre numérique? Quelle place occuperont les intermédiaires tels que Amazon ou iTunes dans ce marché ?
D'une manière générale il va falloir se poser la question pour toutes les fonctions qui consiste à offrir un service de passage. L'éditeur "passe" de l'auteur au lecteur. L'industrie du CD "passe" de l'artiste à l'amateur.
RépondreSupprimerLes managers simples passeurs ont sans doute quelques questions à se poser ... à l'époque du 2.0 les collaborateurs et partenaires peuvent attendre plus de valeur ajoutée.
Mais au moment où j'écris ces commentaires émerge un nouveau métier, celui de curateur .... (là aussi les curateurs devront rapidement apporter de la valeur).