Nous allons commémorer l'armistice du 11 novembre 1918.
Cette photo est celle d'un anglais, Sir Fabian Ware. Il est le fondateur de la Commonwealth War Graves Commission (la commission des cimetières militaires du Commonwealth). Ce qu’il a accompli est une excellente réponse à la question que nos clients nous posent souvent « Comment faire pour que nos équipes acceptent des projets difficiles, et pourtant nécessaires ? »
Explication :
« La guerre, on n’aime pas ça » chantait Nino Ferrer. Cette idée est partagée par tous, mais cela n’empêcha pas qu’en 1914, elle fut déclarée.
En 1916, la guerre s’enlisait. Les morts s’empilaient sur les champs de bataille et on les enterrait dans des fosses communes. En Angleterre, le rejet de la guerre devenait fort.
Fabian Ware réalisa alors qu’enterrer décemment les soldats morts et entretenir leurs tombes était un excellent moyen de renforcer le moral des troupes et de leurs familles restées en Angleterre … et donc de contribuer à faire accepter la guerre par les anglais sur le thème « la mémoire de votre sacrifice restera à jamais ».
Le cimetière devenait une passerelle pour faire passer les anglais d’un Monde « la guerre est une fatalité dont nous laissons la gestion aux politiques et aux militaires » à un Monde dans lequel « la guerre est notre affaire à tous ».
Je ne vous aurais pas parlé de Sir Fabian Ware s’il s’était contenté de dire « enterrons nos soldats individuellement dans des cimetières plutôt que dans des ossuaires ». Pour lui, les cimetières sont la passerelle entre deux Mondes - et une passerelle, pour fonctionner - doit avoir quelques caractéristiques.
1/Elle doit être emblématique du Monde voulu, et pourtant simple. Enterrer des morts est un processus modeste au regard de la gestion d’une guerre mais il est fréquent, visible, par tous et tout le temps, pendant et après la guerre.
2/Cette passerelle doit être porteuse du sens du Monde voulu. Les tombes individuelles sont bien le symbole de l’utilité du sacrifice de chaque soldat (a-contrario des ossuaires français type Douaumont qui perpétuent plutôt l’image de l’horreur de la guerre).
3/Cette passerelle doit être outillée. C’est là où réside le génie de Sir Fabian Ware. Il ne s’est pas contenté de « faire des cimetières », il a fait des « cimetières magnifiques ». Et pour cela, il s’est attaché les services des meilleures paysagistes et architectes anglais. Depuis 1916, chaque anglais qui se déplace dans le Monde, peut constater dans 153 pays et 23000 cimetières que le souvenir de chaque soldat mort est pérenne. Ces cimetières sont superbement entretenus.
4/Cette passerelle doit être portée, par un passeur (Sir Fabian Ware) mais aussi par le porteur du projet global – en l’occurrence, la famille royale.
Sir Fabian Ware, vous auriez pu être consultant chez P-VAL.
Bruno Jourdan
Le site de la Commonwealth War Graves Commission http://www.cwgc.org
sans oublier la pratique très british de porter un coquelicot en papier au revers de sa veste
RépondreSupprimerune pratique simple qui "incarne" que cette "passerelle" est portée par le plus grand nombre