C’est bien connu, un coin à champignons se garde
jalousement, comme un trésor de guerre.
Un amateur a décidé de mettre fin à cette tradition. Celui
qui donne ses coins à champignons peut espérer en échange en découvrir d’autres, et
faire partager sa passion à des gens qui aimeraient s’y mettre, mais ne savent
pas où chercher. Cet amateur a créé une carte interactive pour géolocaliser les
coins à champignons. Le principe est simple, n’importe qui peut éditer la carte
et y ajouter ses coins secrets.
L’intention est bonne, mais cet amateur va se planter … et d’ailleurs
il est en train de se planter.
Deux semaines après le lancement il y a
moins de dix coins à champignons répertoriés sur sa carte alors que toute la
presse a parlé de son idée.
Encore un qui n’a rien compris au nécessaire changement de Monde
(j’espère qu’il ne va pas se reconnaître).
Nous le savons tous, les amateurs ne donnent jamais leurs emplacements
préférés. Pourquoi ? Parce ce que le Monde de l’amateur de champignons (ou
de homards) est clanique. Il a peur de voir le stock pillé par des intrus peu
scrupuleux. Le champignon (le homard) se mérite : il faut savoir le chercher,
savoir le cueillir et le cuisiner. Et la transmission se fait uniquement de
père en fils. Presque jamais d’ami à ami. Jamais à des vagues relations. Une carte n'y changera rien.
Si cet amateur veut s’attaquer à ce changement de Monde, qu’il
y réfléchisse en leader-créateur d’un nouveau Monde et pas en fournisseur d’un
outil cartographique.
Cet amateurisme mycologique est le même que l’amateurisme de
ceux qui croient qu’avoir une intention stratégique suffit à la transformer en projet
réussi.
Bruno Jourdan
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