Analysons cette dérive rapide en quelques mois !
1. Point de départ
"avant" : l'entreprise fixe les conditions de travail de ses collaborateurs,
que ce soit sur les sites de l'entreprises ou en télétravail. Rappelez-vous, c'était il y a longtemps, avec une journée maximum et encore pas le mercredi au
risque de donner l'impression de garder vos enfants en même temps !
2. Confinement total, de mars à mai : les collaborateurs ont interdiction d'aller sur leur lieu de travail.
Ils apprennent, contraints et forcés, le télétravail ou le pas-de-travail du tout
ou à temps partiel.
3. Sortie de confinement, de juin à octobre : les collaborateurs reviennent ou non sur les sites de travail,
selon leur bon vouloir. J'ai l'image d'équipes de Direction seules dans leurs
immenses plateau Flex, contraint de simuler un bonheur énorme de revenir
masquées, derrière des vitres, dans des vidéos pour faire revenir leurs équipes. Les
personnes reviennent lentement, en posant leurs conditions, par exemple " nous
viendrons en équipe pour se retrouver le jeudi". Au DRH de gérer
l'harmonisation des plannings. Les entreprises tentent de reprendre la main et
de s'organiser en négociant à la va-vite des accords avec les syndicats encore
moins représentatifs pour sauver l'apparence du pouvoir. "Ce sera 2 jours
en TT et 3 jours sur site". Ah bon ? qui gère, qui pilote ?
4. Re confinement, de novembre
à décembre : "Mais on peut aller travailler sur site ... si on veut, ... enfin
vaut mieux pas, mais c'est quand même bien de voir ses collègues, de ne pas
rester seul en vase clos ...bref débrouillez-vous !" J'ai débriefé une
Médecin du Travail qui me disait : « c'est un comble, avant on
venait me voir pour une dispense de venir au travail, maintenant je fais des
prescriptions pour venir au travail au moins un jour par semaine à la demande
des collaborateurs, voire à mon initiative pour les aider à retrouver un équilibre »
5. Déconfinement et couvre-feu, de janvier à ... Mais avec la consigne du Gouvernement de télétravailler au maximum, à rebours des messages des entreprises qui veulent remettre les équipes dans un rythme organisé. En désespoir de maitrise, les Directions rendent leurs baux et font des économies de loyer. "c'est concret et c'est toujours ça de gagné"
Première idée - constat- : le collaborateur a pris l'initiative de Où et Quand il travaille.
Deuxième idée - intuition -: le collaborateur va prendre l'initiative de Comment et sur Quoi il travaille
La présence ou non n'est que la partie émergée de l'iceberg de cette transformation en profondeur du rapport employeur - employé en à peine 10 mois.
A partir du moment où le collaborateur décide où il travaille et quand il travaille, l'extension vient vite sur le quoi. Celui-ci commence à choisir ses missions, seul ou en équipe. C'est d'autant plus aisé que la relation managériale perd ses repères d'animation et de contrôle.
Ainsi le collaborateur pourrait devenir une sorte de freelance qui choisit où, quand, comment et quoi. Mais attention il reste salarié : en effet pourquoi prendre un risque inutile en période incertaine ?
Avoir le beurre et l'argent du beurre est tentant. Dans le passé, les
grandes crises ont toujours redéfini en profondeur les relations de travail.
Nous verrons si cette tendance se concrétise dans nos Mondes "post
covid".
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