Comment sauver le lait bio ?
Perçu comme une bouée de sauvetage par de nombreux
producteurs lors de la crise post-quotas en 2015-2016, le lait bio est victime
d'une crise de surproduction depuis quelques mois. Trop cher, pas assez
différent en termes de goût et concurrencé par des laits locaux et des petites
marques artisanales, il a fait les frais d'un retournement de marché. Au point
que les plus grands groupes, dont Lactalis et Sodiaal, ont entrepris de le
déclasser.
Pris dans cette tourmente, Biolait, le précurseur du lait
bio né il y a trente ans de l'initiative de producteurs engagés dans une
agriculture paysanne, espère avoir trouvé une solution de sauvetage partiel.
Biolait réunit 2 500 producteurs et collecte 30 % du lait bio en France.
Il a créé la première filière de poudre de lait bio et
équitable pour le chocolat avec deux autres coopératives, le chocolatier
Ethiquable, qui vient de quitter l'Italie pour le Gers, et Ingredia, un
spécialiste de la production d'ingrédients innovants - tels que les poudres
laitières fonctionnelles et des actifs naturels nutritionnels.
Le lait sera transformé en poudre par Ingredia dans les
Hauts-de-France à partir du lait de Biolait. En effet, pour garantir la longue
conservation du chocolat et obtenir une texture fondante, l’usage de lait en
poudre est indispensable pour la fabrication. Ingredia travaille depuis 70 ans
à la valorisation du lait en ingrédients destinés aux fabrications
agroalimentaires, à la nutrition et à la santé.
Ethiquable, lui, produit 25 millions de tablettes par an, ce
qui lui donne une part de marché de 25 % du chocolat bio vendu en GMS en
France. La part du bio dans les tablettes n'est que de 2 %.
Créer une filière « verticale » est un point
faible de l’agroalimentaire Français
Pourquoi ? Parce qu’il faut coopérer entre acteurs qui
apportent des valeurs ajoutées différentes, donc qui incarnent des métiers
différents, voire des Mondes différents, et nos tendances
« Domestiques » sont autant de barrières à franchir.
Biolait, avec Ethiquable et Ingredia, ont chacun monté les
barreaux de l’escabeau des objectifs pour atteindre une ambition commune :
une filière de poudre de lait bio et équitable. Cette ambition est une idée
nouvelle qu’il faut concevoir en dehors de ses habitudes et de ses compétences
actuelles. C’est donc un changement de Monde qui sollicite plusieurs
dimensions :
- la Décision : avec une gouvernance pour piloter la filière et lui
trouver d’autres débouchés dans le temps.
- les Interactions : pour que celles-ci soient efficaces afin que chaque
partie tienne sa place,
- la Reconnaissance : que l’on peut
focaliser ici sur l’obtention d’un ratio Bénéfices/Coûts positif.
- de nouvelles Grandeurs métier : sur l’importance de penser Filière
verticale versus développement horizontal.
Pour illustrer ce Monde « vertical », un Geste comme « Je
respecte mes engagements, avant de me poser la question de ce que fait l’autre
» est essentiel pour assurer un fonctionnement fluide.
Sans partager le détail des accords, notez que le lait Biolait
sera acheté aux conditions du commerce équitable garantissant un prix unique
toute l'année. Pour le chocolatier Ethiquable cela lui permet de sécuriser son
image Bio et son coût d’approvisionnement dans la durée. Pour Ingredia c’est un
deal plus Marchand qui lui permet de vendre sa technologie.
En conclusion, l’intensité de l’Accord entre les Mondes
des différents acteurs est clé sur le long terme. Le risque serait de
rester à un « petit arrangement » entre les patrons des entités
existantes. Il faut voir à l’épreuve des faits si la coopération initiée se
traduit en Passerelles durables. In fine la coopération verticale peut conduire
à un Monde commun, via une intégration verticale – comme la grande coopérative
Basque Mondragon – ou d’autres formules juridiques comme des Joint Ventures. P-Val
peut vous accompagner ainsi dans tous vos projets de coopération, de l’idée
initiale au montage opérationnel.
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