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Coexistence de Monde
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L'équipe de football française a perdu 2-0 le match aller à Kiev. Elle joue son va-tout ce soir à Paris. Entre ces deux dates, en quatre jours, les discours de et sur l'équipe de France ont profondément évolué, faisant référence à deux Mondes bien différents.
Le Monde avant le match aller ?
Grandeur : nous sommes plus talentueux que l'Ukraine. La preuve nous venons tous de grands clubs mondialement connus. C'est comme si le Real Madrid, la Juventus, Le Bayern, Arsenal jouaient contre des clubs quasi inconnus de villes totalement inconnues.
Reconnaissance : Bien sûr, chaque joueur rêve de jouer lors de la Coupe du Monde du Brésil. Mais c'est un rêve peu concret, qui a du mal à s'incarner. En revanche il existe une boucle de reconnaissance individuelle forte pour une majorité de joueurs, dans leurs relations avec les média et le public. Ribery fonce tête baissée obnubilé par le Ballon d'Or, Evra rêve de régler ses comptes avec les journalistes, Nasri de prendre la place de Valbuena,...
Interactions collectives : Ce sont celles de professionnels sérieux. Mais sans supplément d'âme. Il n'y a pas d'affectif dans cette équipe, pas d'émotion. Sans doute par manque de leadership - Technique comme Zidane qui faisait jouer l'équipe - Tactique et "aboyeur" comme le faisait Deschamps joueur. Et cela, l'entraîneur n'a pas réussi à le compenser, lui aussi par manque d'émotion, à l'inverse de personnalités comme Guardiola, Mourinho, qui, en club certes, parviennent à mobiliser en profondeur leurs joueurs.
Décision : Elle prend la forme du moment, ce qui ne permet pas de stabiliser une équipe durablement. Ensuite, sur le terrain, l'équipe ne sait pas s'adapter et changer de tactique en cours de match. Hors du terrain c'est un peu pareil, les "chartes" édictées ne sont pas vraiment appliquées. Cela reboucle sur la grandeur : le talent technique passe avant tout autre considération. A l'inverse d'Aimé Jacquet, très critiqué en son temps, qui avait décidé de se priver des talents Cantona et Ginola.
Le monde avant le match retour ?
Passé l'abattement de la défaite, le discours a été un grand classique français. Nous ne serions jamais meilleurs que dos au mur. Comme le modélise très bien le sociologue Philippe d'Iribarne dans son livre "La logique de l'honneur", nous ne serions pas des personnes "industrielles" capables de produire une performance régulière dans la durée. En revanche nous sommes ceux qui peuvent toujours produire un exploit "impossible". Notre grandeur est là !
Grandeur : L'honneur donc ! L'équipe est maintenant prête à "mourir sur le terrain".
Reconnaissance: La peur du ridicule, la honte. Et il est certain qu'en cas de défaite, ils seront sévèrement pris à partie par les supporters, les médias, les sponsors, les camarades de clubs,...
Interactions collectives : Le combat. Fini le talent, place à la lutte. "Se faire respecter", "jouer direct". Avec un temps fort qui est la "remontée de bretelles" par le président de la FFF et l'entraîneur.
Décision : Sortir des sentiers battus et mettre de la "folie".
Tout ceci est du grand classique. La question est de savoir si un groupe de personnes peut passer en 4 jours d'un Monde à l'autre, quand il ne l'a pas fait en deux ans ?
Contre ? Ce ne sont que des mots, des intentions que l'équipe ne pourra concrétiser face à un adversaire tout aussi motivé. On n'apprend pas ce nouveau Monde en 4 jours. C'est un travail de fond qui demande des passerelles définies, progressives et un leadership fort qui propose, conçoit et incarne ce Monde voulu.
Pour ? le Monde "match retour" n'est pas à créer. Il est déjà présent dans la culture collective. Il suffit donc de le faire resurgir pour que tout se mette en place en peu de temps. Tout en sachant qu'il disparaîtra à nouveau dans le confort et les louanges d'une victoire ou dans la honte d'une défaite irréversible.
A vous de vous faire une opinion ce soir en regardant ce match, passionné ou renfrogné !
Le pire étant que le football étant un sport très aléatoire (un poteau, une main, un arbitre,...), le résultat en lui-même ne sera pas la preuve d'un changement de Monde réussi mais d'un petit arrangement ponctuel.
Laurent Dugas
Alors, au lendemain de cette superbe qualification quel est votre point de vue ?
RépondreSupprimerIndépendamment du résultat, la manière montre bien que face " Pour " à gagnée. L'équipe de France (les équipes de France ?) est capable d'osciller selon la pression qu'elle subit entre ses deux Mondes, sous stress elle sollicite un Monde pre-existant, comme une personne qui aurait deux personnalités selon les circonstances
Ce type de basculement peut-il advenir dans votre entreprise dans la réussite de ses transformations ?
Oui, si vous avez effectivement ces deux Mondes "en magasin"
Par exemple une entreprise dont la base du Monde serait "Cohérence et Subsidiarité" pourrait osciller entre ses deux idées contradictoires. Elle ferait "ou" au lieu de "et".
Le cas concret auquel je pense a en pratique choisit "subsidiarité" qui permet mieux à chaque partie prenante de voir midi à sa porte. La sollicitation d'un Monde "cohérence" se révèle très complexe et ne se fait pas en 4 jours !