La Coopération est un levier de performance dont le
potentiel a longtemps été sous-estimé ou galvaudé (nous sommes
partenaires !). Pour se développer, les entreprises ont plutôt misé
sur leurs propres ressources organiques ou choisi de faire des acquisitions.
Mais les défis économiques, technologiques ou sociétaux sont
tels que « faire seul » est devenu sinon une stupidité ou une impasse,
en tout cas une voie trop lente et trop chère. Pour faire face à nos défis,
nous devons apprendre à coopérer. Pour les anthropologues c’est d’ailleurs LA
compétence qui a permis à l’homo sapiens de réussir. Nous, leurs descendants, avons
donc en nous ce potentiel et cette envie. Aujourd'hui, nous devons apprendre à
la faire ressurgir et à la développer à une échelle aussi ambitieuse que celle
qui a permis à nos ancêtres de survivre au froid, à la faim et aux bêtes
sauvages.
L’exemple emblématique de coopération réussie est l’ISS.
L’idée de la Station Spatiale Internationale a germé sous Reagan. Devant
l’ampleur de la tâche, les USA ont embarqué le Canada, le Japon puis l’Europe. Et
quand la destruction en plein vol de Challenger les a privés de lanceur pour de
nombreuses années, l’administration Clinton s’est alors ouverte aux Russes. Ils
avaient un lanceur fiable capable d’emporter des charges importantes et beaucoup
d’enjeux dans l’espace. C’est ainsi que l’ISS est née et a assuré une présence
habitée dans l’espace continue depuis 22 ans. Pourtant les freins à la
coopération étaient légions : stratégie, langage, culture, technologie,
politique, économie, propriété intellectuelle. Même la guerre entre la Russie
et l’Ukraine n’a pas stoppé cette coopération. Ce qui va mettre fin à l’ISS est
sans doute la projection vers une station lunaire et son usure structurelle.
Quelles sont les conditions de réussite consubstantielles de
l’ISS qui peuvent éclairer nos coopérations terriennes ?
1.
Le point pivot d’une coopération est la convergence
des objectifs de chaque acteur vers un objectif supérieur plus ambitieux encore.
Il permet de fédérer et de booster les objectifs de chacun. C’est l’image de
l’escabeau. En montant sur la première marche chacun de leur côté, les deux
acteurs ne peuvent atteindre qu’un objectif limité et très loin de celui de
l’autre. En montant jusqu’en haut de l’escabeau, les deux acteurs vont se
rejoindre sur un objectif chapeau beaucoup plus ambitieux et commun : apprendre
à vivre durablement dans l’espace. Les objectifs « en dessous » sont
spécifiques pour chacun : préparer une mission vers Mars, gérer de
satellites, tester des matériels.
2.
La certitude que l’on a besoin de l’autre.
Coopérer génère plutôt des interactions agréables mais ce plaisir n’est pas une
fin en soi. On coopère parce que l’on doit le faire pour être plus performant. Chaque
partenaire a des moyens de financement et des savoir-faire uniques
indispensables à la réussite du projet. Les Russes apportaient ce qu’ils
avaient développés pour la station Mir et en particulier les technologies de
ravitailleurs. Les Européens leur technologie et leurs idées d’expériences
scientifiques.
3.
Le prix à payer est plus faible que le gain.
Toute coopération va générer des efforts, des renoncements, des arbitrages
douloureux. Il faut donc s’assurer que le bénéfice final soit supérieur au prix
à payer. Plus le gain est fort, plus le coût de la coopération est acceptable.
Et plus la coopération est une habitude, plus son coût devient faible. Nous en
reparlerons dans un autre article.
Ces trois Lois sont essentielles pour poser les fondements de votre projet de coopération, mais pas suffisantes. Elles doivent s'ancrer dans une culture en action , un MONDE. Nous détaillerons ce Monde de Coopération dans de futurs articles. Ici je met l'accent sur deux Mondes de références essentiels à la coopération et à ces 3 lois :
-
Le Monde de l’Inspiration : pour
« trouver » l’objectif ambitieux partageable il faut réfléchir en
dehors du cadre existant, il faut voir plus haut, plus loin, différemment.
-
Le Monde Marchand : la coopération doit
permettre de gagner. Elle est pragmatique, opportuniste pour tirer parti des
contextes. Elle n’est surtout pas bureaucratique, ce n’est pas un système
à faire fonctionner.
Ces 3 Lois + 2 Mondes doivent vous aider à questionner vos
envies ou vos idées de coopération, et à poser les bases de votre Monde de
Coopération.
Dans de prochains articles, nous vous donnerons d’autres
clés et d’autres exemples de coopérations réussies.
Laurent Dugas
Laurent.dugas@pval.com
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